VICTOR HUGO
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VICTOR HUGO
les choix moraux et politiques de l'écrivain lui valurent l'exil
presque 20 ans
après le coup d'Etat du 2 décembre 1851, il encourage la résistance, monte sur les barricades
Quoi! après Auguste, Augustule!
Quoi! parce que nous avons eu Napoléon le Grand
il faut que nous ayons aussi Napoléon le Petit!
l'empereur qu'il appellera aussi "ce Tibère avorton"
pour lui c'est l'exil à Guernesey, via Bruxelles et Jersey
il y écrira Les Travailleurs de la mer, livre dédié
"au rocher d'hospitalité et de liberté, à ce coin de vieille terre normande
où vit le noble petit peuple de la mer, à l'île de Guernesey, sévère et douce,
mon asile actuel, mon tombeau probable"
le roman contient 36 dessins de Victor Hugo
presque 20 ans
après le coup d'Etat du 2 décembre 1851, il encourage la résistance, monte sur les barricades
Quoi! après Auguste, Augustule!
Quoi! parce que nous avons eu Napoléon le Grand
il faut que nous ayons aussi Napoléon le Petit!
l'empereur qu'il appellera aussi "ce Tibère avorton"
pour lui c'est l'exil à Guernesey, via Bruxelles et Jersey
il y écrira Les Travailleurs de la mer, livre dédié
"au rocher d'hospitalité et de liberté, à ce coin de vieille terre normande
où vit le noble petit peuple de la mer, à l'île de Guernesey, sévère et douce,
mon asile actuel, mon tombeau probable"
le roman contient 36 dessins de Victor Hugo
Emma- Admin-Villa Medicis
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Date d'inscription : 06/12/2010
Re: VICTOR HUGO
Notre Dame de Paris (1831)
en ce début de XIXe siècle, l'Orient et le roman historique sont à la mode
chez les écrivains romantiques
l'Orient inspire des rêveries colorées et pousse aux voyages lointains
le roman historique flatte le goût contemporain et Notre-Dame de Paris n'y échappe pas
une documentation historique pour un décor réaliste, un mélodrame sentimental et des amours
contrariées, le personnage mythique de Quasimodo; selon l' habitude de l'écrivain, le monstre
n'est pas toujours celui auquel on pense...
On ne saurait se faire une idée de sa joie les jours de grande volée... Le premier choc du battant
et de la paroi d'airain faisait frissonner la charpente sur laquelle il était monté. Quasimodo vibrait
avec la cloche
Il attendait le bourdon au passage comme l'araignée attend la mouche... ce n'était plus ni le bourdon
de Notre-Dame ni Quasimodo, c'était un rêve, un tourbillon, une tempête; le vertige à cheval sur le
bruit; un étrange centaure moitié homme, moitié cloche...
Hugo a tout exprimé: la vieille monarchie, l'épopée impériale, la Révolution
le poète en tête-à-tête avec Dieu, le romantique tout occupé à élever sa statue, le révolutionnaire
avec Hernani, le poète épique...
alors bien difficile de parler de Victor Hugo en quelques lignes, demain peut-être?!
demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne
en ce début de XIXe siècle, l'Orient et le roman historique sont à la mode
chez les écrivains romantiques
l'Orient inspire des rêveries colorées et pousse aux voyages lointains
le roman historique flatte le goût contemporain et Notre-Dame de Paris n'y échappe pas
une documentation historique pour un décor réaliste, un mélodrame sentimental et des amours
contrariées, le personnage mythique de Quasimodo; selon l' habitude de l'écrivain, le monstre
n'est pas toujours celui auquel on pense...
On ne saurait se faire une idée de sa joie les jours de grande volée... Le premier choc du battant
et de la paroi d'airain faisait frissonner la charpente sur laquelle il était monté. Quasimodo vibrait
avec la cloche
Il attendait le bourdon au passage comme l'araignée attend la mouche... ce n'était plus ni le bourdon
de Notre-Dame ni Quasimodo, c'était un rêve, un tourbillon, une tempête; le vertige à cheval sur le
bruit; un étrange centaure moitié homme, moitié cloche...
Hugo a tout exprimé: la vieille monarchie, l'épopée impériale, la Révolution
le poète en tête-à-tête avec Dieu, le romantique tout occupé à élever sa statue, le révolutionnaire
avec Hernani, le poète épique...
alors bien difficile de parler de Victor Hugo en quelques lignes, demain peut-être?!
demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne
Emma- Admin-Villa Medicis
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Re: VICTOR HUGO
Hauteville House, 25 novembre 1861
Vous me demandez mon avis, monsieur, sur l’expédition de Chine. Vous trouvez cette expédition honorable et belle, et vous êtes assez bon pour attacher quelque prix à mon sentiment ; selon vous, l’expédition de Chine, faite sous le double pavillon de la reine Victoria et de l’empereur Napoléon, est une gloire à partager entre la France et l’Angleterre, et vous désirez savoir quelle est la quantité d’approbation que je crois pouvoir donner à cette victoire anglaise et française.
Puisque vous voulez connaître mon avis, le voici :
ll y avait, dans un coin du monde, une merveille du monde ; cette merveille s’appelait le Palais d’été. L’art a deux principes, l’Idée qui produit l’art européen, et la Chimère qui produit l’art oriental. Le Palais d’été était à l’art chimérique ce que le Parthénon est à l’art idéal. Tout ce que peut enfanter l’imagination d’un peuple presque extra-humain était là. Ce n’était pas, comme le Parthénon, une œuvre rare et unique ; c’était une sorte d’énorme modèle de la chimère, si la chimère peut avoir un modèle.
Imaginez on ne sait quelle construction inexprimable, quelque chose comme un édifice lunaire, et vous aurez le Palais d’été. Bâtissez un songe avec du marbre, du jade, du bronze, de la porcelaine, charpentez-le en bois de cèdre, couvrez-le de pierreries, drapez-le de soie, faites-le ici sanctuaire, là harem, là citadelle, mettez-y des dieux, mettez-y des monstres, vernissez-le, émaillez-le, dorez-le, fardez-le, faites construire par des architectes qui soient des poètes les mille et un rêves des mille et une nuits, ajoutez des jardins, des bassins, des jaillissements d’eau et d’écume, des cygnes, des ibis, des paons, supposez en un mot une sorte d’éblouissante caverne de la fantaisie humaine ayant une figure de temple et de palais, c’était là ce monument. Il avait fallu, pour le créer, le lent travail de deux générations. Cet édifice, qui avait l’énormité d’une ville, avait été bâti par les siècles, pour qui ? pour les peuples. Car ce que fait le temps appartient à l’homme. Les artistes, les poètes, les philosophes, connaissaient le Palais d’été ; Voltaire en parle. On disait : le Parthénon en Grèce, les Pyramides en Egypte, le Colisée à Rome, Notre-Dame à Paris, le Palais d’été en Orient. Si on ne le voyait pas, on le rêvait. C’était une sorte d’effrayant chef-d’œuvre inconnu entrevu au loin dans on ne sait quel crépuscule, comme une silhouette de la civilisation d’Asie sur l’horizon de la civilisation d’Europe.
Cette merveille a disparu.
Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’été. L’un a pillé, l’autre a incendié. La victoire peut être une voleuse, à ce qu’il paraît. Une dévastation en grand du Palais d’été s’est faite de compte à demi entre les deux vainqueurs. On voit mêlé à tout cela le nom d’Elgin, qui a la propriété fatale de rappeler le Parthénon. Ce qu’on avait fait au Parthénon, on l’a fait au Palais d’été, plus complètement et mieux, de manière à ne rien laisser. Tous les trésors de toutes nos cathédrales réunies n’égaleraient pas ce splendide et formidable musée de l’orient. Il n’y avait pas seulement là des chefs-d’œuvre d’art, il y avait un entassement d’orfèvreries. Grand exploit, bonne aubaine. L’un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres ; et l’on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l’histoire des deux bandits.
Nous, Européens, nous sommes les civilisés, et pour nous, les Chinois sont les barbares. Voila ce que la civilisation a fait à la barbarie.
Devant l’histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre. Mais je proteste, et je vous remercie de m’en donner l’occasion ; les crimes de ceux qui mènent ne sont pas la faute de ceux qui sont menés ; les gouvernements sont quelquefois des bandits, les peuples jamais.
L’empire français a empoché la moitié de cette victoire et il étale aujourd’hui avec une sorte de naïveté de propriétaire, le splendide bric-à-brac du Palais d’été.
J’espère qu’un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chine spoliée.
En attendant, il y a un vol et deux voleurs, je le constate.
Telle est, monsieur, la quantité d’approbation que je donne à l’expédition de Chine.
Victor Hugo
Cette lettre est lue dans les écoles de Chine
elle est inscrite en chinois et en français sur le monument de Shangai
où est installé ce buste de Victor Hugo (oeuvre de Nacera Kainou)
(voir histoire, guerre de l'opium)
Emma- Admin-Villa Medicis
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Re: VICTOR HUGO
Hugo Victor (1802-1885)
(Recueil : Les Orientales)
La sultane favorite
N'ai-je pas pour toi, belle juive,
Assez dépeuplé mon sérail ?
Souffre qu'enfin le reste vive.
Faut-il qu'un coup de hache suive
Chaque coup de ton éventail ?
Repose-toi, jeune maîtresse.
Fais grâce au troupeau qui me suit.
Je te fais sultane et princesse :
Laisse en paix tes compagnes, cesse
D'implorer leur mort chaque nuit.
Quand à ce penser tu t'arrêtes,
Tu viens plus tendre à mes genoux ;
Toujours je comprends dans les fêtes
Que tu vas demander des têtes
Quand ton regard devient plus doux.
Ah ! jalouse entre les jalouses !
Si belle avec ce coeur d'acier !
Pardonne à mes autres épouses.
Voit-on que les fleurs des pelouses
Meurent à l'ombre du rosier ?
Ne suis-je pas à toi ? Qu'importe,
Quand sur toi mes bras sont fermés,
Que cent femmes qu'un feu transporte
Consument en vain à ma porte
Leur souffle en soupirs enflammés ?
Dans leur solitude profonde,
Laisse-les t'envier toujours ;
Vois-les passer comme fuit l'onde ;
Laisse-les vivre : à toi le monde !
A toi mon trône, à toi mes jours !
A toi tout mon peuple - qui tremble !
A toi Stamboul qui, sur ce bord
Dressant mille flèches ensemble,
Se berce dans la mer, et semble
Une flotte à l'ancre qui dort !
A toi, jamais à tes rivales,
Mes spahis aux rouges turbans,
Qui, se suivant sans intervalles,
Volent courbés sur leurs cavales
Comme des rameurs sur leurs bancs !
A toi Bassoral, Trébizonde,
Chypre où de vieux noms sont gravés,
Fez où la poudre d'or abonde,
Mosul où trafique le monde,
Erzeroum aux chemins pavés !
A toi Smyrne et ses maisons neuves
Où vient blanchir le flot amer !
Le Gange redouté des veuves !
Le Danube qui par cinq fleuves
Tombe échevelé dans la mer !
Dis, crains-tu les filles de Grèce ?
Les lys pâles de Damanhour ?
Ou l'oeil ardent de la négresse
Qui, comme une jeune tigresse,
Bondit rugissante d'amour ?
Que m'importe, juive adorée,
Un sein d'ébène, un front vermeil !
Tu n'es point blanche ni cuivrée,
Mais il semble qu'on t'a dorée
Avec un rayon de soleil.
N'appelle donc plus la tempête,
Princesse, sur ces humbles fleurs,
Jouis en paix de ta conquête,
Et n'exige pas qu'une tête
Tombe avec chacun de tes pleurs !
Ne songe plus qu'aux vrais platanes
Au bain mêlé d'ambre et de nard,
Au golfe où glissent les tartanes...
Il faut au sultan des sultanes ;
Il faut des perles au poignard !
Hugo a tout exprimé, tout assumé
Dans les Orientales, 41 poèmes proclament qu'en poésie, tout est sujet,
tout relève de l'art, tout a droit de cité
(Recueil : Les Orientales)
La sultane favorite
N'ai-je pas pour toi, belle juive,
Assez dépeuplé mon sérail ?
Souffre qu'enfin le reste vive.
Faut-il qu'un coup de hache suive
Chaque coup de ton éventail ?
Repose-toi, jeune maîtresse.
Fais grâce au troupeau qui me suit.
Je te fais sultane et princesse :
Laisse en paix tes compagnes, cesse
D'implorer leur mort chaque nuit.
Quand à ce penser tu t'arrêtes,
Tu viens plus tendre à mes genoux ;
Toujours je comprends dans les fêtes
Que tu vas demander des têtes
Quand ton regard devient plus doux.
Ah ! jalouse entre les jalouses !
Si belle avec ce coeur d'acier !
Pardonne à mes autres épouses.
Voit-on que les fleurs des pelouses
Meurent à l'ombre du rosier ?
Ne suis-je pas à toi ? Qu'importe,
Quand sur toi mes bras sont fermés,
Que cent femmes qu'un feu transporte
Consument en vain à ma porte
Leur souffle en soupirs enflammés ?
Dans leur solitude profonde,
Laisse-les t'envier toujours ;
Vois-les passer comme fuit l'onde ;
Laisse-les vivre : à toi le monde !
A toi mon trône, à toi mes jours !
A toi tout mon peuple - qui tremble !
A toi Stamboul qui, sur ce bord
Dressant mille flèches ensemble,
Se berce dans la mer, et semble
Une flotte à l'ancre qui dort !
A toi, jamais à tes rivales,
Mes spahis aux rouges turbans,
Qui, se suivant sans intervalles,
Volent courbés sur leurs cavales
Comme des rameurs sur leurs bancs !
A toi Bassoral, Trébizonde,
Chypre où de vieux noms sont gravés,
Fez où la poudre d'or abonde,
Mosul où trafique le monde,
Erzeroum aux chemins pavés !
A toi Smyrne et ses maisons neuves
Où vient blanchir le flot amer !
Le Gange redouté des veuves !
Le Danube qui par cinq fleuves
Tombe échevelé dans la mer !
Dis, crains-tu les filles de Grèce ?
Les lys pâles de Damanhour ?
Ou l'oeil ardent de la négresse
Qui, comme une jeune tigresse,
Bondit rugissante d'amour ?
Que m'importe, juive adorée,
Un sein d'ébène, un front vermeil !
Tu n'es point blanche ni cuivrée,
Mais il semble qu'on t'a dorée
Avec un rayon de soleil.
N'appelle donc plus la tempête,
Princesse, sur ces humbles fleurs,
Jouis en paix de ta conquête,
Et n'exige pas qu'une tête
Tombe avec chacun de tes pleurs !
Ne songe plus qu'aux vrais platanes
Au bain mêlé d'ambre et de nard,
Au golfe où glissent les tartanes...
Il faut au sultan des sultanes ;
Il faut des perles au poignard !
Hugo a tout exprimé, tout assumé
Dans les Orientales, 41 poèmes proclament qu'en poésie, tout est sujet,
tout relève de l'art, tout a droit de cité
Emma- Admin-Villa Medicis
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Re: VICTOR HUGO
Léonie d'Aunet 1820-1879 (voir coups de coeur), l'épouse de Biard
inspira de nombreux poèmes à Victor Hugo dont elle fut l'amie
arrêtée pour adultère et emprisonnée (Hugo fera jouer ...son immunité parlementaire)
Léonie d'Aunet se sépare de Biard en 1855
lui adressant un exemplaire du Rhin, Hugo écrira cette dédicace
On voit en vous, pur rayon
La grâce à la force unie
Votre nom, traduction
De votre double génie
Commence comme lion
Et finit comme harmonie
inspira de nombreux poèmes à Victor Hugo dont elle fut l'amie
arrêtée pour adultère et emprisonnée (Hugo fera jouer ...son immunité parlementaire)
Léonie d'Aunet se sépare de Biard en 1855
lui adressant un exemplaire du Rhin, Hugo écrira cette dédicace
On voit en vous, pur rayon
La grâce à la force unie
Votre nom, traduction
De votre double génie
Commence comme lion
Et finit comme harmonie
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