FEMME, JE VOUS AIME (saison 2)

La saison 1 vient d'être archivée
Une saison 2 commence avec Valentine Hugo

"ils" panthéonisent
"ils" dépanthéonisent

ah! le Panthéon, ce temple républicain



qui propulse  aux yeux de le la liturgie républicaine, les grands hommes, sortes de saints laïcs



car aux grandes dames, la patrie est bien peu reconnaissante

72 hommes - 2 femmes

Sophie Berthelot (1837-1907) au nom de "la piété conjugale", accompagnant Monsieur
Marie Curie (1867-1934), deux fois Prix Nobel, elle aussi, accompagnant Monsieur



on croit rêver ou plutôt cauchemarder...

le Panthéon est un lieu symbolique où se jouèrent mutations politiques et religieuses
la IIIe République en fera un sanctuaire idéologique: en 50 ans, 90 cérémonies
mais ce bâtiment est une église catholique, rappelons-le, dédiée à Sainte Geneviève (423-512)



une femme de caractère, Geneviève
qui en 451, fera fuir Attila qui arrivait ...avec les Ostrogoths



une femme de coeur, Geneviève
qui, en 465, brisera le blocus et ravitaillera, à ses frais, Paris assiégée par les Francs

Geneviève, patronne et protectrice de Paris
l'action politique, elle connaît
l'engagement pour la liberté, elle connaît
l'engagement pour la paix, elle connaît
au Panthéon, elle est chez elle



grâce à Antoine Gros, on peut y voir son apothéose
car sa vie simple et proche des autres exerça beaucoup d'influence sur les évènements
à bon entendeur salut!       

le "Attila" de Maindron paraît presque trop gentil face à l'exploit de Geneviève

celui d'Eugène Delacroix, que l'on peut voir à la bibliothèque du palais Bourbon
évoque mieux Attila le Hun, celui qui balaie tout sur son passage et dont on disait:
"là où passe Attila, l'herbe ne repousse jamais."



un immense empire et aussi un immense besoin de conquête
après s'être cassé les dents en Gaule - merci Geneviève-
il ira provoquer la toute puissance romaine....

après le scandale de Rome, Maria Callas interprètera Norma au Palais Garnier
le 19 décembre 1958

écoutez, comme si vous y étiez...

http://www.ina.fr/video/I08016689

Au cours de la saison 2013/2014, sur les 574 concerts prévus en France
17 seront dirigés par une femme

La direction d'un orchestre a une image élitiste et masculine; jusqu'en 1997, aucune femme
n'était admise à l'orchestre philharmonique de Vienne, à l'exception des harpistes où on ne
trouve pas d'hommes

Karajan disait que la place des femmes était "à la cuisine et pas dans un orchestre"
il n'y a pas si longtemps, en octobre,
Bruno Mantovani, directeur du conservatoire national supérieur de Paris, déclarait
que "diriger un orchestre, c'était compliqué pour une femme"

c'est vrai ça, qui va garder les enfants?

et de nous démontrer pourquoi elles n'arrivent pas au plus haut niveau

mais ...

...peu de place dans le répertoire symphonique (Mozart, Brahms, Debussy, Beethoven).
Actuellement les femmes s'illustrent essentiellement dans des répertoires de musique
baroque et contemporaine ou dans des oeuvres pour enfants. De très beaux répertoires,
bien sûr, mais pourquoi ne voit-on pas de femme diriger une symphonie de Brahms à la
tête d'orchestres prestigieux de niveau européen ou mondial?

oui pourquoi?

pas le bon sexe
pas les bonnes origines
pas le bon âge

Zahia Ziouani cumule



biberonnée à la musique classique par des parents mélomanes mais non musiciens
comme la plupart des femmes dirigeant un orchestre, elle a dû créer son propre
orchestre: l'orchestre symphonique Divertimento

à suivre...

la musique a ceci de fabuleux qu'elle place tout le monde sur le même plan, celui de l'art

Zahia Ziouani dit refuser toutes les récupérations médiatiques ou politiques:
campagne MG Buffet, Grand journal S. Royal, campagne N. Sarkozy (passage surprise R. Dati)

pourtant
le 21 juin 2007, fête de la musique, R. Dati rompant avec l'épisode douloureux de Stains, invite Zahia
Ziouani à se produire avec l'orchestre Divertimento au ministère de la justice



Le geste était fort....sauf que ce jour-là, j'avais déjà un concert prévu à Stains. Pas question pour moi
d'annuler.........J'explique donc au cabinet de Madame Dati que nous ne pouvons pas répondre à son
invitation, sauf si nous sommes programmés en ouverture des "festivités" c'est-à-dire vers 18 heures
et que le ministère assure ensuite notre transfert jusqu'à Stains pour nous permettre d'y donner notre
concert......Nous jouerons bien à 18heures et un car sera mis à notre disposition pour nous emmener
à Stains. Le jour J arrive. Nous sommes installés dans les magnifiques jardins du ministère



sur une estrade montée à cet effet

Le concert se déroule parfaitement bien.
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J'avais pour ma part commandé un taxi-moto.
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et quelques minutes après moi, l'orchestre arrive, escorté par les motards de la police nationale et
dans un car de l'administration pénitentiaire!
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Après le concert dans les jardins du ministère, nous donnons notre deuxième concert dans les jardins
de la mairie de Stains



ce n'est pas l'endroit où je produis qui conditionne ma façon de diriger



suite et fin au prochain épisode

écoutez...

https://www.youtube.com/watch?v=jWRRiWljeAM

Rien ne vaut le contact direct avec la musique si l'on veut toucher le public
celui d'une grande ville française ou d'un village au bord du désert algérien
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Il est intéressant de se produire à l'étranger et, pour un chef, de diriger d'autres
orchestres que le sien. Depuis 2002, j'ai été amenée à diriger des orchestres
provenant de nombreux pays (Russie, Egypte, Chine, Australie, Espagne, Pologne,
Allemagne, Tunisie, Ukraine, République tchèque, ...) dont l'Algérie où je suis
depuis 2007 "premier chef d'orchestre invité" à l'orchestre symphonique national
d'Algérie. Et pourtant, au départ, mon rapport au pays de mes parents était plutôt
distant.



En 2007, à l'occasion de la manifestation "Alger, capitale de la culture arabe", je fus
invitée et ma soeur m'accompagna en tant que soliste dans le concerto pour violoncelle
et orchestre en do majeur de Joseph Haydn.

écoutez...

https://www.youtube.com/watch?v=pyCtR-JYrjU

J'ai dirigé à Béchar, aux portes du Sahara, la Danse bacchanale de Saint Saëns
Carmina Burana de Carl Orff. A Tizi-Ouzou, en pleine Kabylie, certains ont parcouru
des kilomètres pour entendre le Concerto pour violoncelle de Haydn ou L'enlèvement
au sérail de Mozart.
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Le théâtre national d'Alger est un lieu symbolique à mes yeux, le compositeur Saint Saens s'y est
produit et est mort à quelques mètres de là; un siècle auparavant, il s'est nourri des richesses
musicales des deux pays,........., s'inspirant notamment du folklore nord-africain dans son opéra
Samson et Dalila.
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J'ai choisi un métier où je suis très axposée mais j'aime ce risque.................La musique, c'est la vie
parce qu'elle est ma respiration .....qu'elle m'a permis d'exister autrement ........... et que je crois possible
qu'elle change la vie de beaucoup d'autres.
Il suffit juste d'y croire.



Oui mais voilà!
la route est dure et semée d'embûches!

écoutons Saint Saens
https://www.youtube.com/watch?v=9piRiiZ0C4Q

Léonide, Mary, Berthe, trois artistes remarquables et ...trois jeunes femmes volontaires!
De la volonté, il en fallait en cette seconde moitié de XIXe siècle, pour mener la vie d'un
artiste indépendant, une époque où on ne circulait pas sans chaperon! La première fois
que Léonide se rendit à Auvers, elle était accompagnée de ses parents...



Léonide Bourges (1838-1909)
si douce et si obstinée
pendant la guerre de 1870,  elle refusera de quitter Paris pour aider les autres
son professeur: Edouard Frère, son ami de toujours: Charles Daubigny



Mary Cassatt (1844-1925)
la châtelaine américano-picarde
amie de l'ours Degas dont elle fut le modèle



Berthe Morisot (1841-1865)
Berthe, la rebelle ténébreuse, muse de son beau-frère, Edouard Manet

Toutes trois ont fui le conformisme artistique de l'époque, ce qui les fit accepter
de manière condescendante par leurs contemporains alors qu'aujourd'hui, c'est
ce qui les propulse au rang qui est le leur

Il s'agit, bien sûr, de trois autoportraits

Léonide Bourges s'installe à Auvers en 1874



elle fait partie de la bande à Daubigny, dont elle fut l'élève et l'amie



cette femme de talent et de coeur est trop souvent oubliée
pourtant elle expose dès 1857, elle n'a que 19 ans

un salon qui fera les choux gras de Daumier

les jeunes filles au piano...
un sujet qu'Auguste Renoir (1841-1919) a illustré plus d'une fois
la même pose, le même lourd rideau, le même piano droit pour débutantes

dans Yvonne et Christine Lerolle au piano (tableau de droite), ce n'est pas le cas
Yvonne et Christine sont les filles d'un ami, Henry Lerolle, peintre et collectionneur
elles se trouvent dans le salon familial de l'avenue Duquesne



ce tableau de 1897 ( 73 x 92) se trouve au musée de l'Orangerie

de si jolies jeunes filles: Christine, en robe rouge, elle a 18 ans, c'est le petit diable de Renoir
Yvonne, l'aînée qui a 20 ans, en robe blanche, la petite Mélisande de Debussy

tout le monde connaît ce tableau, le portrait des deux soeurs nous est familier, deux soeurs
dans la lumière impressionniste, deux soeurs devant un avenir radieux....
les deux soeurs épouseront deux frères devenant les soeurs Rouart; épouses inquiètes (il y
a de quoi), leur vie va basculer dans la tragédie



sur le tableau de Renoir, Yvonne et Christine sont au grand Pleyel à queue des Lerolle car ce
sont des musiciennes chevronnées; le décor n'est pas anonyme: c'est celui du salon des Lerolle
avec en fond deux toiles de Degas, une huile "avant la course" et un pastel "danseuses sous
les arbres"....un moment de grâce

Renoir n'a pas offert le tableau à la famille Lerolle, il ne l'a pas davantage vendu. Il l'a gardé chez
lui, sous ses yeux, jusqu'à sa mort. Un de ses trésors.

Yvonne et Christine perdront leur fraîcheur dans la vie conjugale, le bonheur de leur épouse n'a
jamais été la préoccupation d'Eugène et Louis Rouart. Eugène, le mari d'Yvonne cherche son plaisir
auprès de jeunes garçons, Louis, le mari de Christine auprès des jolies femmes. Le mariage des deux
soeurs est juste le cadre pour donner l'apparence d'une vie rangée et une bonne réputation de notable

Yvonne et Christine n'attendent plus rien de la vie. Christine après avoir fait lit à part, chambre à part,
appartement à part, fait même tombe à part, elle n'est ni dans le caveau des Lerolle ni dans celui des
Rouart; elle repose pour l'éternité au père Lachaise avec sa fille Isabelle, la jeune fille à la robe rouge
s'en est allée emportée par un cancer en 1941



Yvonne, la châtelaine de Saint-Caprais, loin de Paris, vient de perdre sa seule alliée; criblée de dettes
laissées par son mari, la musicienne sensible et inspirée n'a plus rien pour vivre. Un jour de printemps 1944
désespérée, elle se jette dans le Lot.



au musée de l'Orangerie, leur jeunesse est éclatante, leur destin tragique oublié
elles sont immortalisées heureuses....

à suivre...

Auguste Renoir fit quatre portraits de Christine Lerolle dont celui-ci

Christine Lerolle brodant
82,6 x 65,8
Colombus Museum of art - Colombus



absorbée dans une activité typique des jeunes filles de la bonne société, Christine évoque
la dentellière de Vermeer que Renoir venait souvent admirer au Louvre. A l'arrère-plan, son
père et le sculpteur Devillez qui admire la belle collection d'Henri Lerolle

Maurice Denis (1870-1943), peintre de Pont-Aven et nabi, fit aussi un portrait de Christine
ainsi qu'un portrait d'Yvonne "Yvonne aux trois aspects"


170 x 110 - Orsay

le peintre en fit cadeau à Yvonne; plusieurs esquisses sont conservées au musée Maurice Denis
de Saint Germain-en-Laye



Edgar Degas se faisait souvent le photographe des réunions familiales
ici, on est chez Debussy



la première à gauche, c'est Yvonne et à droite du piano, debout, Christine

à suivre...

Yvonne et Christine Lerolle au piano (suite et fin)

Quand Renoir meurt en 1919, le portrait des soeurs Lerolle au piano passe de marchand
en marchand avant d'atterrir, en 1947, entre les mains de Domenica Walter qui lui réserve
une place de choix au sein de sa fabuleuse collection du 3, rue du Cirque (ça me dit qqch?)



Domenica Walter, une dame à la réputation sulfureuse, qui se débarrasserait de ses maris
encombrants, qui aurait tenté de faire assassiner son fils adoptif, seul héritier légal????



une mante religieuse d'un cynisme absolu et d'une beauté extraordinaire



Domenica la diabolique achète les toiles de Renoir par brassées, Renoir est son peintre
préféré. Domenica, rompue aux coups les plus tordus, est particulièrement attachée
au tableau des soeurs Lerolle, allez comprendre pourquoi...



un tableau qui fait partie de la collection Guillaume - Walter à l'Orangerie