en guise de préambule

J’avais choisi le Finistère pour cicatriser les blessures de ma vie, bien décidée à m’occuper de moi.
Après six mois de recherche, je m'installe  à Plobannalec Lesconil; je n’y connais personne mais quelqu’un m’attend .
Lors de ma première exposition à Lesconil, on me parle des tableaux en coquillages d’Yves Durand " ça vous plairait mais on ne sait pas où ils sont !"
Le nom évidement me frappe … intriguée mais sceptique. Des tableaux en coquillages? Ça sonne  objet de kermesse..
Pourtant retrouver ces tableaux devient impératif. Pas simple je suis étrangère, inconnue mais têtue non comme une bigoudène mais comme une durand !
Je les retrouve enfin, entassés dans un débarras à la mairie. Me voici devant des tableaux monumentaux (certains mesurent plus d’un mètre) devant un travail inédit, singulier, maîtrisé et enfantin, poétiquement classique.... loin de mes goûts à priori.
Ebahie devant ces cieux composés uniquement d’éclats de coquilles de moules, cassés, choisis un à un pour le bleu clair, le bleu foncé, le nacré....
Touchée par ces fontaines délicates en pattes de langoustine, ou ces petits oiseaux souvent en couple, par ces chiens dont le pelage est fait de morceaux de coquille St Jacques.....bouleversée par le sourire récurrent sur le visage des personnages....émerveillée par ce monde coloré et onirique..
Je ne peux pas me contenter de les avoir découverts, je veux savoir qui est cet homme, témoigner,laisser une trace de cette œuvre oubliée...c’est un appel, une croisade, un combat ….
Je fais pour lui ce que je n’ai jamais fait pour moi.
J’ai renoncé à comprendre pourquoi il m'a choisie, j’avance, j’écris SON livre, je veux qu’il soit exposé,reconnu, par qui je ne sais pas …    
Youen est mort en 2005, trois ans avant mon arrivée.
Le pays bigouden vous prend tout entier même les morts s’y mettent !!
Grâce à lui l'histoire de ce pays m'a été dévoilée, j'ai rencontré des femmes formidables, qui chantent de vieux chants communistes et lisent l'Huma à plus de 90 ans …
Je ne saurai jamais ce qui a poussé Youen à trier, casser, coller pendant des heures jusqu'à  mourir des vapeurs de colle mais j'ai compris qu'il ne faut pas douter, malgré la mort la force créatrice d'un être humain peut encore attirer un autre être humain et le transformer.On me demande souvent: êtes vous parents?  pour paraphraser Georges Perros, qui lui aussi vécu en pays bigouden, nous sommes de la famille de ceux pour qui l'art , comme l'océan , est ce mur horizontal où s'appuyer quand rien ne va.

Un récit émouvant , Choupie ...très bien écrit ...très belle narration qui nous tient en haleine ...il n'y a pas que l'artiste peintre en vous mais une plume qui s'ignore ou pas...vous ressuscitez un artiste qui allait disparaître dans l'indifférence totale ...le sort sans doute de beaucoup .Il va sans doute survivre et être gagné par la postérité ...une oraison qui est loin d'être funèbre...c'est  plutôt un hymne à la vie .

Bonne soirée

J'ai découvert ce post Choupie avec la "parenté" de coeur d'une Bretonne exilée qui s'entend dire que le Finistère répare les coeurs.......Rien n'est plus vrai.....  

Je vois que mon texte a fait écho !!! je me sens si bien dans ce bout de terre , et oui nous pouvons être bretonne de coeur à défaut d'y être nées !!!!

Les Bretons reconnaissent en un clin d'oeil "les leurs" qui sont des Bretons de "feeling"; ils les adoptent, crois-moi;   
Il suffit d'aimer la Bretagne et on est dans leur coeur;   
Moi, je suis née dans l'Ariège, famille Bretonne, mais chassée par la guerre, on habitait Brest, on y a tout perdu;
La Bretagne c'est mon identité; je n'ambitionne pas le "titre" de Bretonne, je dis simplement je suis de souche.....
En tous cas, Choupie, tu as fait le bon choix, la Bretagne, c'est le pays des "Vivants" comme dans les légendes Celtes, ceux qui vivent toujours en Esprit !