ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
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ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
les "grands" de la littérature
aujourd'hui: hiver
Charles d'Orléans 1394-1465
Hiver, vous n'êtes qu'un vilain...
<BLOCKQUOTE>
Hiver vous n'êtes qu'un vilain.
Eté est plaisant et gentil,
En témoignent Mai et Avril
Qui l'accompagnent soir et matin.
Eté revêt champs, bois et fleurs
De sa livrée de verdure
Et de maintes autres couleurs
Par l'ordonnance de Nature.
Mais vous, Hiver, trop êtes plein
De neige, vent, pluie et grésil ;
On vous doit bannir en exil.
Sans point flatter, je parle plain,
Hiver vous n'êtes qu'un vilain !
Charles d'Orléans
</BLOCKQUOTE>
aujourd'hui: hiver
Charles d'Orléans 1394-1465
Hiver, vous n'êtes qu'un vilain...
<BLOCKQUOTE>
Hiver vous n'êtes qu'un vilain.
Eté est plaisant et gentil,
En témoignent Mai et Avril
Qui l'accompagnent soir et matin.
Eté revêt champs, bois et fleurs
De sa livrée de verdure
Et de maintes autres couleurs
Par l'ordonnance de Nature.
Mais vous, Hiver, trop êtes plein
De neige, vent, pluie et grésil ;
On vous doit bannir en exil.
Sans point flatter, je parle plain,
Hiver vous n'êtes qu'un vilain !
Charles d'Orléans
Emma- Admin-Villa Medicis
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Date d'inscription : 06/12/2010
au XVIIe siècle....
la CORNEILLE sur une RACINE BOIT L'EAU de LA FONTAINE MOLIERE
un moyen comme uin autre pour notre professeur de français
de faire entrer dans la tête d'élèves de 12/13 ans le nom de
quelques génies de la littérature française...
Molière
pas de problème
des années et des années après, il reste ma référence, sans doute pour le parler vrai...
Boileau 1636-1711
m'a bien aidée dans "les embarras de Paris"
et l'oeuvre de ce polisson de Jean de La Fontaine 1621-1695
qui n'a jamais au grand jamais écrit pour des enfants
comprte des merveilles de fantaisie
un moyen comme uin autre pour notre professeur de français
de faire entrer dans la tête d'élèves de 12/13 ans le nom de
quelques génies de la littérature française...
Molière
pas de problème
des années et des années après, il reste ma référence, sans doute pour le parler vrai...
Boileau 1636-1711
m'a bien aidée dans "les embarras de Paris"
et l'oeuvre de ce polisson de Jean de La Fontaine 1621-1695
qui n'a jamais au grand jamais écrit pour des enfants
comprte des merveilles de fantaisie
Emma- Admin-Villa Medicis
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Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
Restent Pierre Corneille 1606-1684 et Jean Racine 1639-1699
le problème avec eux
c'est qu'on a du mal à les croire: devoir, amour, honneur
et dans la vie des petitesses et des petitesses...
un Corneille vaniteux
"je sais que que je vaux et crois ce qu'on m'en dit
je ne dois qu'à moi seul toute ma renommée"
et pingre avec ça et intéressé
que je te cire les pompes de Richelieu avec Horace, la gloirepar le service de la patrie
et que j'en rajoute une louche avec Cinna, la gloire par le pardon
la gloire, la gloire, la gloire
jusqu'à ce qu'un certain Jean Racine dont les dents rayaient les parquets royaux
mît tout en oeuvre pour le détrôner
pas joli joli
Racine ruinera la réputation de Corneille, triomphera avec Andromaque dans la troupe concurrente
trahissant son "ami" Molière
Phèdre continuera de proclamer sa passion pour Hippolyte
mais ce sont les superbes stances à la Marquise du Parc qui seront chantées par Brassens
le problème avec eux
c'est qu'on a du mal à les croire: devoir, amour, honneur
et dans la vie des petitesses et des petitesses...
un Corneille vaniteux
"je sais que que je vaux et crois ce qu'on m'en dit
je ne dois qu'à moi seul toute ma renommée"
et pingre avec ça et intéressé
que je te cire les pompes de Richelieu avec Horace, la gloirepar le service de la patrie
et que j'en rajoute une louche avec Cinna, la gloire par le pardon
la gloire, la gloire, la gloire
jusqu'à ce qu'un certain Jean Racine dont les dents rayaient les parquets royaux
mît tout en oeuvre pour le détrôner
pas joli joli
Racine ruinera la réputation de Corneille, triomphera avec Andromaque dans la troupe concurrente
trahissant son "ami" Molière
Phèdre continuera de proclamer sa passion pour Hippolyte
mais ce sont les superbes stances à la Marquise du Parc qui seront chantées par Brassens
Dernière édition par Emma le Lun 27 Déc - 19:33, édité 1 fois
Emma- Admin-Villa Medicis
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Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
Corneille a eu cet autre mérite
nourrir, plus de deux cents ans plus tard,
la loufoquerie de Georges Fourest 1867-1945
poète baroque et avocat"loin de la Cour d'Appel"
mais lisez plutôt
nourrir, plus de deux cents ans plus tard,
la loufoquerie de Georges Fourest 1867-1945
poète baroque et avocat"loin de la Cour d'Appel"
mais lisez plutôt
Le Cid Va, je ne te hais point Le palais de Gormaz, comte et gobernadorPierre Corneille est en deuil; pour jamais dort couché sous la pierre l'hidalgo dont le sang a rougi la rapière de Rodrigue appelé le Cid Campeador Le soir tombe. Invoquant les deux saints Paul et Pierre Chimène, en voile noirs, s'accoude au mirador et ses yeux dont les pleurs ont brûlé la paupière regardent, sans rien voir, mourir le soleil d'or ... Mais un éclair, soudain, fulgure en sa prunelle : sur la plaza Rodrigue est debout devant elle ! Impassible et hautain, drapé dans sa capa, le héros meurtrier à pas lents se promène : "Dieu !" soupire à part soi la plaintive Chimène, "qu'il est joli garçon l'assassin de Papa !" |
Emma- Admin-Villa Medicis
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Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
- Alfred de MUSSET (1810-1857)
Mimi Pinson
Mimi Pinson est une blonde,
Une blonde que l'on connaît.
Elle n'a qu'une robe au monde,
Landerirette !
Et qu'un bonnet.
Le Grand Turc en a davantage.
Dieu voulut de cette façon
La rendre sage.
On ne peut pas la mettre en gage,
La robe de Mimi Pinson.
Mimi Pinson porte une rose,
Une rose blanche au côté.
Cette fleur dans son coeur éclose,
Landerirette !
C'est la gaieté.
Quand un bon souper la réveille,
Elle fait sortir la chanson
De la bouteille.
Parfois il penche sur l'oreille,
Le bonnet de Mimi Pinson.
Elle a les yeux et la main prestes.
Les carabins, matin et soir,
Usent les manches de leurs vestes,
Landerirette !
A son comptoir.
Quoique sans maltraiter personne,
Mimi leur fait mieux la leçon
Qu'à la Sorbonne.
Il ne faut pas qu'on la chiffonne,
La robe de Mimi Pinson.
Mimi Pinson peut rester fille,
Si Dieu le veut, c'est dans son droit.
Elle aura toujours son aiguille,
Landerirette !
Au bout du doigt.
Pour entreprendre sa conquête,
Ce n'est pas tout qu'un beau garçon :
Faut être honnête ;
Car il n'est pas loin de sa tête,
Le bonnet de Mimi Pinson.
D'un gros bouquet de fleurs d'orange
Si l'amour veut la couronner,
Elle a quelque chose en échange,
Landerirette !
A lui donner.
Ce n'est pas, on se l'imagine,
Un manteau sur un écusson
Fourré d'hermine ;
C'est l'étui d'une perle fine,
La robe de Mimi Pinson.
Mimi n'a pas l'âme vulgaire,
Mais son coeur est républicain :
Aux trois jours elle a fait la guerre,
Landerirette !
En casaquin.
A défaut d'une hallebarde,
On l'a vue avec son poinçon
Monter la garde.
Heureux qui mettra sa cocarde
Au bonnet de Mimi Pinson !
Mimi Pinson
le nom donné pae le compositeur Gustave Charpentier en 1901
à son conservatoire populaire,
des cours gratuits de danse, de musique, de chant, de récitation
destinés aux jeunes ouvrières parisiennes pour les soustraire à
une vie triste et noire, misère, alcool, prostitution...
Emma- Admin-Villa Medicis
- Messages : 7609
Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
laissons la place aux romantiques
toujours Alfred de Musset
Landerirette
Ballade à la lune
C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.
Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil ?
Es-tu l'oeil du ciel borgne ?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard ?
N'es-tu rien qu'une boule,
Qu'un grand faucheux bien gras
Qui roule
Sans pattes et sans bras ?
Es-tu, je t'en soupçonne,
Le vieux cadran de fer
Qui sonne
L'heure aux damnés d'enfer ?
Sur ton front qui voyage.
Ce soir ont-ils compté
Quel âge
A leur éternité ?
Est-ce un ver qui te ronge
Quand ton disque noirci
S'allonge
En croissant rétréci ?
Qui t'avait éborgnée,
L'autre nuit ? T'étais-tu
Cognée
A quelque arbre pointu ?
Car tu vins, pâle et morne
Coller sur mes carreaux
Ta corne
à travers les barreaux.
Va, lune moribonde,
Le beau corps de Phébé
La blonde
Dans la mer est tombé.
Tu n'en es que la face
Et déjà, tout ridé,
S'efface
Ton front dépossédé.
Rends-nous la chasseresse,
Blanche, au sein virginal,
Qui presse
Quelque cerf matinal !
Oh ! sous le vert platane
Sous les frais coudriers,
Diane,
Et ses grands lévriers !
Le chevreau noir qui doute,
Pendu sur un rocher,
L'écoute,
L'écoute s'approcher.
Et, suivant leurs curées,
Par les vaux, par les blés,
Les prées,
Ses chiens s'en sont allés.
Oh ! le soir, dans la brise,
Phoebé, soeur d'Apollo,
Surprise
A l'ombre, un pied dans l'eau !
Phoebé qui, la nuit close,
Aux lèvres d'un berger
Se pose,
Comme un oiseau léger.
Lune, en notre mémoire,
De tes belles amours
L'histoire
T'embellira toujours.
Et toujours rajeunie,
Tu seras du passant
Bénie,
Pleine lune ou croissant.
T'aimera le vieux pâtre,
Seul, tandis qu'à ton front
D'albâtre
Ses dogues aboieront.
T'aimera le pilote
Dans son grand bâtiment,
Qui flotte,
Sous le clair firmament !
Et la fillette preste
Qui passe le buisson,
Pied leste,
En chantant sa chanson.
Comme un ours à la chaîne,
Toujours sous tes yeux bleus
Se traîne
L'océan montueux.
Et qu'il vente ou qu'il neige
Moi-même, chaque soir,
Que fais-je,
Venant ici m'asseoir ?
Je viens voir à la brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.
<BLOCKQUOTE>
<BLOCKQUOTE>
<BLOCKQUOTE>
Alfred de MUSSET
Contes d'Espagne et d'Italie (1830)</BLOCKQUOTE></BLOCKQUOTE></BLOCKQUOTE>
toujours Alfred de Musset
Landerirette
Ballade à la lune
C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.
Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil ?
Es-tu l'oeil du ciel borgne ?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard ?
N'es-tu rien qu'une boule,
Qu'un grand faucheux bien gras
Qui roule
Sans pattes et sans bras ?
Es-tu, je t'en soupçonne,
Le vieux cadran de fer
Qui sonne
L'heure aux damnés d'enfer ?
Sur ton front qui voyage.
Ce soir ont-ils compté
Quel âge
A leur éternité ?
Est-ce un ver qui te ronge
Quand ton disque noirci
S'allonge
En croissant rétréci ?
Qui t'avait éborgnée,
L'autre nuit ? T'étais-tu
Cognée
A quelque arbre pointu ?
Car tu vins, pâle et morne
Coller sur mes carreaux
Ta corne
à travers les barreaux.
Va, lune moribonde,
Le beau corps de Phébé
La blonde
Dans la mer est tombé.
Tu n'en es que la face
Et déjà, tout ridé,
S'efface
Ton front dépossédé.
Rends-nous la chasseresse,
Blanche, au sein virginal,
Qui presse
Quelque cerf matinal !
Oh ! sous le vert platane
Sous les frais coudriers,
Diane,
Et ses grands lévriers !
Le chevreau noir qui doute,
Pendu sur un rocher,
L'écoute,
L'écoute s'approcher.
Et, suivant leurs curées,
Par les vaux, par les blés,
Les prées,
Ses chiens s'en sont allés.
Oh ! le soir, dans la brise,
Phoebé, soeur d'Apollo,
Surprise
A l'ombre, un pied dans l'eau !
Phoebé qui, la nuit close,
Aux lèvres d'un berger
Se pose,
Comme un oiseau léger.
Lune, en notre mémoire,
De tes belles amours
L'histoire
T'embellira toujours.
Et toujours rajeunie,
Tu seras du passant
Bénie,
Pleine lune ou croissant.
T'aimera le vieux pâtre,
Seul, tandis qu'à ton front
D'albâtre
Ses dogues aboieront.
T'aimera le pilote
Dans son grand bâtiment,
Qui flotte,
Sous le clair firmament !
Et la fillette preste
Qui passe le buisson,
Pied leste,
En chantant sa chanson.
Comme un ours à la chaîne,
Toujours sous tes yeux bleus
Se traîne
L'océan montueux.
Et qu'il vente ou qu'il neige
Moi-même, chaque soir,
Que fais-je,
Venant ici m'asseoir ?
Je viens voir à la brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.
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<BLOCKQUOTE>
<BLOCKQUOTE>
Alfred de MUSSET
Contes d'Espagne et d'Italie (1830)</BLOCKQUOTE></BLOCKQUOTE></BLOCKQUOTE>
Emma- Admin-Villa Medicis
- Messages : 7609
Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
poème de René Char illustré par Joan Miro
Emma- Admin-Villa Medicis
- Messages : 7609
Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
Pierre de Ronsard 1524-1585
l'amour aura été sa grande préocupation
Matisse a illustré ses poèmes
des "dits d'amour" pas toujours exaucés
cruelle indifférence des jouvencelles
aussi se contente-t-il de "rustiques privautés"
l'amour aura été sa grande préocupation
Matisse a illustré ses poèmes
des "dits d'amour" pas toujours exaucés
cruelle indifférence des jouvencelles
aussi se contente-t-il de "rustiques privautés"
Emma- Admin-Villa Medicis
- Messages : 7609
Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
Matisse et Ronsard
ou si vous préférez Ronsard et Matisse
Emma- Admin-Villa Medicis
- Messages : 7609
Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
Marie
Marie Dupin
destin cruel pour la petite Angevine disparue trop tôt
et ces vers inoubliables de Ronsard
Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose,
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'Aube de ses pleurs au point du jour l'arrose;
La grâce dans sa feuille, et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur;
Mais battue ou de pluie, ou d'excessive ardeur,
Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose.
Ainsi, en ta première et jeune nouveauté,
Quand la Terre et le Ciel honoraient ta beauté,
La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes,
Pour obsèques reçois mes lermes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses.
Emma- Admin-Villa Medicis
- Messages : 7609
Date d'inscription : 06/12/2010
JULES LAFORGUE
JULES LAFORGUE
Complainte de la Lune en province
Ah! la belle pleine Lune,
Grosse comme une fortune!
La retraite sonne au loin,
Un passant, monsieur l'adjoint;
Un clavecin joue en face,
Un chat traverse la place:
La province qui s'endort!
Plaquant un dernier accort,
Le piano clôt sa fenêtre.
Quelle heure peut-il bien être?
Calme Lune, quel exil!
Faut-il dire: ainsi soit-il?
Lune, ô dilettante Lune,
À tous les climats commune,
Tu vis hier le Missouri,
Et les remparts de Paris,
Les fiords bleus de la Norvège,
Les pôles, les mers, que sais-je?
Lune heureuse! ainsi tu vois,
À cette heure, le convoi
De son voyage de noce!
Ils sont partis pour l'Écosse.
Quel panneau, si, cet hiver,
Elle eût pris au mot mes vers!
Lune, vagabonde Lune,
Faisons cause et moeurs communes?
Ô riches nuits! je me meurs,
La province dans le coeur!
Et la lune a, bonne vieille,
Du coton dans les oreilles.
Jules Laforgue 1860-1887
le poète de l'absurde évoqué dans le téléfilm "le vernis craque"
un poète assiégé par le spleen
un personnage désenchanté comme son Pierrot lunaire des Complaintes
Emma- Admin-Villa Medicis
- Messages : 7609
Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
<BLOCKQUOTE>
<BLOCKQUOTE>
<BLOCKQUOTE>Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.
</BLOCKQUOTE></BLOCKQUOTE></BLOCKQUOTE>
Jacques Prevert
<BLOCKQUOTE>
<BLOCKQUOTE>Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.
</BLOCKQUOTE></BLOCKQUOTE></BLOCKQUOTE>
Jacques Prevert
Dernière édition par Emma le Sam 5 Fév - 9:16, édité 1 fois
Emma- Admin-Villa Medicis
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Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
Jacqueline Duhême née en 1927
fut petite main chez Matisse où elle rencontra
Pacasso, Aragon, Eluard, Colette,...
l'imagière des poètes
qui à son tour donne de bons conseils
Eluard, Cendrars, Supervielle et bien sûr Jacques Prévert
fut petite main chez Matisse où elle rencontra
Pacasso, Aragon, Eluard, Colette,...
l'imagière des poètes
qui à son tour donne de bons conseils
Eluard, Cendrars, Supervielle et bien sûr Jacques Prévert
Emma- Admin-Villa Medicis
- Messages : 7609
Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
Lamartine le trouvait vulgaire
Eluard voulait le faire rayer des livres scolaires
Jean de la Fontaine 1621-1695
un poète amoureux du théâtre
le fabuliste prend souvent son bien chez Esope
mais comme le dira Musset
La Fontaine, sachez-le bien
En prenant tout, n'imita rien
les fables font parler les bêtes gravement
mais ne s'adressent pas pour autant aux enfants
Eluard voulait le faire rayer des livres scolaires
Jean de la Fontaine 1621-1695
un poète amoureux du théâtre
le fabuliste prend souvent son bien chez Esope
mais comme le dira Musset
La Fontaine, sachez-le bien
En prenant tout, n'imita rien
les fables font parler les bêtes gravement
mais ne s'adressent pas pour autant aux enfants
Emma- Admin-Villa Medicis
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Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
des illustrateurs célèbres comme
Oudry
Doré
Grandville
Oudry
Doré
Grandville
Emma- Admin-Villa Medicis
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Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
et de quelques autres moins connus voire anonymes
au charme pourtant certain
Maître Corbeau sur un arbre perché
Tanait en son bec un fromage
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage
"Hé! bonjour, Monsieur du Corbeau
Que vous êtes joli! que vous me semblez beau!
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois
A ces mots le corbeau ne se sent pas de joie;
Et pour montrer sa belle voix
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie
Le renard s'en saisit, et dit:"Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute
Celle leçon vaut bien un fromage, sans doute."
Le corbeau, honteux et confus
jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
au charme pourtant certain
Maître Corbeau sur un arbre perché
Tanait en son bec un fromage
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage
"Hé! bonjour, Monsieur du Corbeau
Que vous êtes joli! que vous me semblez beau!
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois
A ces mots le corbeau ne se sent pas de joie;
Et pour montrer sa belle voix
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie
Le renard s'en saisit, et dit:"Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute
Celle leçon vaut bien un fromage, sans doute."
Le corbeau, honteux et confus
jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
Emma- Admin-Villa Medicis
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Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
les fables stimulent l'imagination des enfants
mais aussi de quelques autres
Emma- Admin-Villa Medicis
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Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
LA ROSE QUI DURE
Le haut mur de la cité
Que soutenaient mes colonnes
Quel mistral me l'a soufflé
Comme une brume d'automne
Adieu, jardins fugitifs,
Amours, saisons, écritures
Et musiques passagères
Qu'écrase l'ombre des ifs
Moi je veux la fleur sévère
Je veux la fleur inventée
J'invente la fleur qui dure
Et s'appelle éternité
Norge(Georges Mogin) 1898-1990
le poète des joies profanes
une bonne humeur souriante
une liberté tonique
qui l'inciteront "à bâtir son château au milieu du ciel incertain"
Le haut mur de la cité
Que soutenaient mes colonnes
Quel mistral me l'a soufflé
Comme une brume d'automne
Adieu, jardins fugitifs,
Amours, saisons, écritures
Et musiques passagères
Qu'écrase l'ombre des ifs
Moi je veux la fleur sévère
Je veux la fleur inventée
J'invente la fleur qui dure
Et s'appelle éternité
Norge(Georges Mogin) 1898-1990
le poète des joies profanes
une bonne humeur souriante
une liberté tonique
qui l'inciteront "à bâtir son château au milieu du ciel incertain"
Emma- Admin-Villa Medicis
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Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
Pleine d'eau fraîche, la cruche est tombée, s'est brisée sur la pierre
Triste la fille en sa main garde un tesson sans valeur
Mais ô merveille! une source a jailli de la cruche brisée
Claire cette eau, à jamais triste à jamais ce regard
Alexandre Pouchkine
une statue à Tsarkoïé Sélo
Tsarkoïé Sélo, devenue Pouchkine en 1937, où se trouve cette statue
Pouchkine, l'élève le plus célèbre du lycée impérial
l'a immortalisée par les vers ci-dessus, dont on dit qu'ils s'inspirent
de la fable de La Fontaine: la laitière et le pot au lait
Emma- Admin-Villa Medicis
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Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
Bonjour Emma,
J'ai à faire réciter les poésies de mes petits enfants :
je vais leur montrer tes images dès que je les reverrais
et j'aime quand même mieux la vraie version du corbeau et le renard
voilà la récitation copiée sur mon ordinateur par le grand de 9 ans :
Le renard et le corbeau
Or donc, Maître corbeau
Sur un arbre perché, se disait .
"Quel dommage
Qu'un fromage aussi beau,
Un aussi beau fromage
Soit, plein de vers et sente si mauvais....
Tiens! voilà le renard : je vois,
Lui qui me prend pour une poire
Lui jouer, le cher ange, un tour à ma façon
Ça lui servira de leçon" !
Passons sur les détails vous connaissez l'histoire
Le discours que le renard tient,
Le corbeau qui ne répond rien
(tant il rigole)
Bref le fromage dégringole.....
Depuis, le renard n'est pas bien
Il est malade comme un chien
J'ai à faire réciter les poésies de mes petits enfants :
je vais leur montrer tes images dès que je les reverrais
et j'aime quand même mieux la vraie version du corbeau et le renard
voilà la récitation copiée sur mon ordinateur par le grand de 9 ans :
Le renard et le corbeau
Or donc, Maître corbeau
Sur un arbre perché, se disait .
"Quel dommage
Qu'un fromage aussi beau,
Un aussi beau fromage
Soit, plein de vers et sente si mauvais....
Tiens! voilà le renard : je vois,
Lui qui me prend pour une poire
Lui jouer, le cher ange, un tour à ma façon
Ça lui servira de leçon" !
Passons sur les détails vous connaissez l'histoire
Le discours que le renard tient,
Le corbeau qui ne répond rien
(tant il rigole)
Bref le fromage dégringole.....
Depuis, le renard n'est pas bien
Il est malade comme un chien
marie- Prix de Rome en herbe
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Date d'inscription : 03/03/2011
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
et il n'est pas content du tout du tout le renard!
la version revisitée de ton petit-fils est très plaisante
certaines pages sont réalisées avec mes petits garçons qui
manifestent beaucoup d'intérêt pour la poésie, alors je suis
heureuse que tu les apprécies et j'espère que tes petits-fils
aimeront aussi
la version revisitée de ton petit-fils est très plaisante
certaines pages sont réalisées avec mes petits garçons qui
manifestent beaucoup d'intérêt pour la poésie, alors je suis
heureuse que tu les apprécies et j'espère que tes petits-fils
aimeront aussi
Emma- Admin-Villa Medicis
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Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
sur une aquarelle de Paul Valéry
LE CIMETIERE MARIN
Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencee
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux!
Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d'imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir!
Quand sur l'abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d'une éternelle cause,
Le temps scintille et le songe est savoir.
Stable trésor, temple simple à Minerve,
Masse de calme, et visible réserve,
Eau sourcilleuse, Oeil qui gardes en toi
Tant de sommeil sous une voile de flamme,
O mon silence! . . . Édifice dans l'ame,
Mais comble d'or aux mille tuiles, Toit!
Temple du Temps, qu'un seul soupir résume,
À ce point pur je monte et m'accoutume,
Tout entouré de mon regard marin;
Et comme aux dieux mon offrande suprême,
La scintillation sereine sème
Sur l'altitude un dédain souverain.
Comme le fruit se fond en jouissance,
Comme en délice il change son absence
Dans une bouche où sa forme se meurt,
Je hume ici ma future fumée,
Et le ciel chante à l'âme consumée
Le changement des rives en rumeur.
Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change!
Après tant d'orgueil, après tant d'étrange
Oisiveté, mais pleine de pouvoir,
Je m'abandonne à ce brillant espace,
Sur les maisons des morts mon ombre passe
Qui m'apprivoise à son frêle mouvoir.
L'âme exposée aux torches du solstice,
Je te soutiens, admirable justice
De la lumière aux armes sans pitié!
Je te tends pure à ta place première,
Regarde-toi! . . . Mais rendre la lumière
Suppose d'ombre une morne moitié.
O pour moi seul, à moi seul, en moi-même,
Auprès d'un coeur, aux sources du poème,
Entre le vide et l'événement pur,
J'attends l'écho de ma grandeur interne,
Amère, sombre, et sonore citerne,
Sonnant dans l'âme un creux toujours futur!
Sais-tu, fausse captive des feuillages,
Golfe mangeur de ces maigres grillages,
Sur mes yeux clos, secrets éblouissants,
Quel corps me traîne à sa fin paresseuse,
Quel front l'attire à cette terre osseuse?
Une étincelle y pense à mes absents.
Fermé, sacré, plein d'un feu sans matière,
Fragment terrestre offert à la lumière,
Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux,
Composé d'or, de pierre et d'arbres sombres,
Où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres;
La mer fidèle y dort sur mes tombeaux!
Chienne splendide, écarte l'idolâtre!
Quand solitaire au sourire de pâtre,
Je pais longtemps, moutons mystérieux,
Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes,
Éloignes-en les prudentes colombes,
Les songes vains, les anges curieux!
Ici venu, l'avenir est paresse.
L'insecte net gratte la sécheresse;
Tout est brûlé, défait, reçu dans l'air
A je ne sais quelle sévère essence . . .
La vie est vaste, étant ivre d'absence,
Et l'amertume est douce, et l'esprit clair.
Les morts cachés sont bien dans cette terre
Qui les réchauffe et sèche leur mystère.
Midi là-haut, Midi sans mouvement
En soi se pense et convient à soi-même
Tête complète et parfait diadème,
Je suis en toi le secret changement.
Tu n'as que moi pour contenir tes craintes!
Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes
Sont le défaut de ton grand diamant! . . .
Mais dans leur nuit toute lourde de marbres,
Un peuple vague aux racines des arbres
A pris déjà ton parti lentement.
Ils ont fondu dans une absence épaisse,
L'argile rouge a bu la blanche espèce,
Le don de vivre a passé dans les fleurs!
Où sont des morts les phrases familières,
L'art personnel, les âmes singulières?
La larve file où se formaient les pleurs.
Les cris aigus des filles chatouillées,
Les yeux, les dents, les paupières mouillées,
Le sein charmant qui joue avec le feu,
Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent,
Les derniers dons, les doigts qui les défendent,
Tout va sous terre et rentre dans le jeu!
Et vous, grande âme, espérez-vous un songe
Qui n'aura plus ces couleurs de mensonge
Qu'aux yeux de chair l'onde et l'or font ici?
Chanterez-vous quand serez vaporeuse?
Allez! Tout fuit! Ma présence est poreuse,
La sainte impatience meurt aussi!
Maigre immortalité noire et dorée,
Consolatrice affreusement laurée,
Qui de la mort fais un sein maternel,
Le beau mensonge et la pieuse ruse!
Qui ne connaît, et qui ne les refuse,
Ce crâne vide et ce rire éternel!
Pères profonds, têtes inhabitées,
Qui sous le poids de tant de pelletées,
Êtes la terre et confondez nos pas,
Le vrai rongeur, le ver irréfutable
N'est point pour vous qui dormez sous la table,
Il vit de vie, il ne me quitte pas!
Amour, peut-être, ou de moi-même haine?
Sa dent secrète est de moi si prochaine
Que tous les noms lui peuvent convenir!
Qu'importe! Il voit, il veut, il songe, il touche!
Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche,
À ce vivant je vis d'appartenir!
Zénon! Cruel Zénon! Zénon d'Êlée!
M'as-tu percé de cette flèche ailée
Qui vibre, vole, et qui ne vole pas!
Le son m'enfante et la flèche me tue!
Ah! le soleil . . . Quelle ombre de tortue
Pour l'âme, Achille immobile à grands pas!
Non, non! . . . Debout! Dans l'ère successive!
Brisez, mon corps, cette forme pensive!
Buvez, mon sein, la naissance du vent!
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme . . . O puissance salée!
Courons à l'onde en rejaillir vivant.
Oui! grande mer de delires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée,
De mille et mille idoles du soleil,
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l'étincelante queue
Dans un tumulte au silence pareil
Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre!
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d'eaux rejouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs!
LE CIMETIERE MARIN
Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencee
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux!
Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d'imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir!
Quand sur l'abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d'une éternelle cause,
Le temps scintille et le songe est savoir.
Stable trésor, temple simple à Minerve,
Masse de calme, et visible réserve,
Eau sourcilleuse, Oeil qui gardes en toi
Tant de sommeil sous une voile de flamme,
O mon silence! . . . Édifice dans l'ame,
Mais comble d'or aux mille tuiles, Toit!
Temple du Temps, qu'un seul soupir résume,
À ce point pur je monte et m'accoutume,
Tout entouré de mon regard marin;
Et comme aux dieux mon offrande suprême,
La scintillation sereine sème
Sur l'altitude un dédain souverain.
Comme le fruit se fond en jouissance,
Comme en délice il change son absence
Dans une bouche où sa forme se meurt,
Je hume ici ma future fumée,
Et le ciel chante à l'âme consumée
Le changement des rives en rumeur.
Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change!
Après tant d'orgueil, après tant d'étrange
Oisiveté, mais pleine de pouvoir,
Je m'abandonne à ce brillant espace,
Sur les maisons des morts mon ombre passe
Qui m'apprivoise à son frêle mouvoir.
L'âme exposée aux torches du solstice,
Je te soutiens, admirable justice
De la lumière aux armes sans pitié!
Je te tends pure à ta place première,
Regarde-toi! . . . Mais rendre la lumière
Suppose d'ombre une morne moitié.
O pour moi seul, à moi seul, en moi-même,
Auprès d'un coeur, aux sources du poème,
Entre le vide et l'événement pur,
J'attends l'écho de ma grandeur interne,
Amère, sombre, et sonore citerne,
Sonnant dans l'âme un creux toujours futur!
Sais-tu, fausse captive des feuillages,
Golfe mangeur de ces maigres grillages,
Sur mes yeux clos, secrets éblouissants,
Quel corps me traîne à sa fin paresseuse,
Quel front l'attire à cette terre osseuse?
Une étincelle y pense à mes absents.
Fermé, sacré, plein d'un feu sans matière,
Fragment terrestre offert à la lumière,
Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux,
Composé d'or, de pierre et d'arbres sombres,
Où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres;
La mer fidèle y dort sur mes tombeaux!
Chienne splendide, écarte l'idolâtre!
Quand solitaire au sourire de pâtre,
Je pais longtemps, moutons mystérieux,
Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes,
Éloignes-en les prudentes colombes,
Les songes vains, les anges curieux!
Ici venu, l'avenir est paresse.
L'insecte net gratte la sécheresse;
Tout est brûlé, défait, reçu dans l'air
A je ne sais quelle sévère essence . . .
La vie est vaste, étant ivre d'absence,
Et l'amertume est douce, et l'esprit clair.
Les morts cachés sont bien dans cette terre
Qui les réchauffe et sèche leur mystère.
Midi là-haut, Midi sans mouvement
En soi se pense et convient à soi-même
Tête complète et parfait diadème,
Je suis en toi le secret changement.
Tu n'as que moi pour contenir tes craintes!
Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes
Sont le défaut de ton grand diamant! . . .
Mais dans leur nuit toute lourde de marbres,
Un peuple vague aux racines des arbres
A pris déjà ton parti lentement.
Ils ont fondu dans une absence épaisse,
L'argile rouge a bu la blanche espèce,
Le don de vivre a passé dans les fleurs!
Où sont des morts les phrases familières,
L'art personnel, les âmes singulières?
La larve file où se formaient les pleurs.
Les cris aigus des filles chatouillées,
Les yeux, les dents, les paupières mouillées,
Le sein charmant qui joue avec le feu,
Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent,
Les derniers dons, les doigts qui les défendent,
Tout va sous terre et rentre dans le jeu!
Et vous, grande âme, espérez-vous un songe
Qui n'aura plus ces couleurs de mensonge
Qu'aux yeux de chair l'onde et l'or font ici?
Chanterez-vous quand serez vaporeuse?
Allez! Tout fuit! Ma présence est poreuse,
La sainte impatience meurt aussi!
Maigre immortalité noire et dorée,
Consolatrice affreusement laurée,
Qui de la mort fais un sein maternel,
Le beau mensonge et la pieuse ruse!
Qui ne connaît, et qui ne les refuse,
Ce crâne vide et ce rire éternel!
Pères profonds, têtes inhabitées,
Qui sous le poids de tant de pelletées,
Êtes la terre et confondez nos pas,
Le vrai rongeur, le ver irréfutable
N'est point pour vous qui dormez sous la table,
Il vit de vie, il ne me quitte pas!
Amour, peut-être, ou de moi-même haine?
Sa dent secrète est de moi si prochaine
Que tous les noms lui peuvent convenir!
Qu'importe! Il voit, il veut, il songe, il touche!
Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche,
À ce vivant je vis d'appartenir!
Zénon! Cruel Zénon! Zénon d'Êlée!
M'as-tu percé de cette flèche ailée
Qui vibre, vole, et qui ne vole pas!
Le son m'enfante et la flèche me tue!
Ah! le soleil . . . Quelle ombre de tortue
Pour l'âme, Achille immobile à grands pas!
Non, non! . . . Debout! Dans l'ère successive!
Brisez, mon corps, cette forme pensive!
Buvez, mon sein, la naissance du vent!
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme . . . O puissance salée!
Courons à l'onde en rejaillir vivant.
Oui! grande mer de delires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée,
De mille et mille idoles du soleil,
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l'étincelante queue
Dans un tumulte au silence pareil
Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre!
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d'eaux rejouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs!
Emma- Admin-Villa Medicis
- Messages : 7609
Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
Les hiboux
Ce sont les mères des hiboux
Qui désiraient chercher les poux
De leurs enfants, leurs petits choux,
En les tenant sur les genoux.
Leurs yeux d’or valent des bijoux,
Leur bec est dur comme cailloux,
Ils sont doux comme des joujoux,
Mais aux hiboux point de genoux !
Votre histoire se passait où ?
Chez les Zoulous ? Les Andalous ?
Ou dans la cabane bambou ?
A Moscou ? Ou à Tombouctou ?
En Anjou ou dans le Poitou ?
Au Pérou ou chez les Mandchous ?
Hou ! Hou !
Pas du tout, c’était chez les fous.
Robert Desnos
Ce sont les mères des hiboux
Qui désiraient chercher les poux
De leurs enfants, leurs petits choux,
En les tenant sur les genoux.
Leurs yeux d’or valent des bijoux,
Leur bec est dur comme cailloux,
Ils sont doux comme des joujoux,
Mais aux hiboux point de genoux !
Votre histoire se passait où ?
Chez les Zoulous ? Les Andalous ?
Ou dans la cabane bambou ?
A Moscou ? Ou à Tombouctou ?
En Anjou ou dans le Poitou ?
Au Pérou ou chez les Mandchous ?
Hou ! Hou !
Pas du tout, c’était chez les fous.
Robert Desnos
marie- Prix de Rome en herbe
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Date d'inscription : 03/03/2011
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
merci Marie
Desnos...
quelques-uns des plus beaux vers d'amour de la langue française
Desnos...
quelques-uns des plus beaux vers d'amour de la langue française
<td vAlign=top> | <td height=50></TD></TR></TABLE> |
Emma- Admin-Villa Medicis
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Date d'inscription : 06/12/2010
Re: ECRIVAIN, POETE, prête-moi ta plume - MORCEAUX CHOISIS
pour Marie qui l'aime tant
Le muguet
Robert Desnos
Un bouquet de muguet
Deux bouquets de muguet
Au guet! Auguet!
Mes amis, il m'en souviendrait
Chaque printemps au premier Mai
Trois bouquets de muguet
Gai! Gai!
Au premier Mai
Franc bouquet de muguet
Le muguet
Robert Desnos
Un bouquet de muguet
Deux bouquets de muguet
Au guet! Auguet!
Mes amis, il m'en souviendrait
Chaque printemps au premier Mai
Trois bouquets de muguet
Gai! Gai!
Au premier Mai
Franc bouquet de muguet
Emma- Admin-Villa Medicis
- Messages : 7609
Date d'inscription : 06/12/2010
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